Du 8 au 15 juin s’est déroulé le festival du film d’animation à Annecy. J’y ai assisté en tant que bénévole, donc j’ai pu me rendre à quelques séances. Je vais donc élaborer ici une courte critique de chacun des films vus. Il faut savoir que je ne suis pas particulièrement familier avec cet univers très vaste qu’est le monde du film d’animation donc mes connaissances en la matière restent limitées. En effet, je ne connaissais que Disney/Dreamworks/Pixar et l’animation japonaise avant d’être bénévole à ce festival. Il m’a été possible de voir plus de dix films, sachant que j’ai également pu voir les premières images du prochain Dreamworks, Le Robot Sauvage dont je vais aussi vous parler.
Film d’ouverture: La Plus Précieuse des Marchandises
Le tout premier film du festival était présent à Cannes en sélection officielle. Il est réalisé par Michel Hazanavicius et sortira en salles le 20 novembre 2024.
Le film a pour toile de fond la Seconde Guerre Mondiale. Il traite d’une famille de bûcherons qui se décide à accueillir le bebe de parents juifs qu’ils jettent d’un train afin de lui éviter la mort car ce dit-train se dirige vers Auschwitz.
Visuellement, j’ai trouvé que c’est assez unique en son genre dans la direction artistique mais très agréable à voir. Ce couple forme un très bon duo. La femme apparaît comme étant une figure dévouée pour cet enfant et on ressent qu’elle le considère comme le sien. On comprend qu’elle rêvait d’avoir un enfant pour sa famille. Elle parvient par la force de son état d’esprit à apaiser son mari — qui était initialement très renfermé à cette idée car il songe au coût de la vie et se distance émotionnellement de ce dernier. En parallèle nous avons aussi le droit au traitement de l’histoire tragique de la famille juive dans le camp de concentration. La trame de fond étant la Seconde Guerre Mondiale (tel que j’ai pu le dire précédemment) sert à planter le décor du récit, qui n’est pas utilisé comme moteur tout du long. On a le sentiment de prendre part à la narration d’un conte par une voix-off qui permet l’ajout d’éléments et de détails à l’histoire et qui correspond bien au style du film.
Le film était bien rythmé avec des thématiques intéressantes et un visuel fort et unique. On est facilement embarqué dans le film et il a d’après moi ancré le début du festival.
L’Orage
Il s’agit d’un film réalisé à l’encre de chine réalisé par Zhigang Yang. L’Orage se base sur le folklore chinois concernant l’histoire d’un navire submergé depuis un siècle et qui refait surface, donnant ainsi vie à des troupes de théâtre enveloppées de mystère. On y suit un enfant qui va devoir retrouver son père adoptif à travers un univers auquel il ne s’attendait pas. On va découvrir aussi deux autres personnages très secondaires.
Les décors sont agréables dû au style de dessin, mais l’intrigue en elle-même ainsi que son déroulé sont assez classiques. Le film traîne en longueur vers la fin car de mon point de vue, il était vraisemblable que sa résolution soit apparue comme évidence. Même si l’intrigue demeure mystérieuse en Occident de par le fait que c’est un récit traditionnel, je pense que sa façon d’être abordé à travers le parcours d’un enfant qui découvre un monde inconnu avec des êtres inconnus est du vu et revu je trouve. Le film reste agréable à regarder dans son ensemble malgré ces différents points noirs que je lui ai reproché.
The Birth of Kitaro: The Mystery of GeGeGe
Ce film est un prequel à un anime de 97 épisodes sortis en 2018. Il se concentrera sur l’histoire du père du protagoniste de l’anime. Mizuki, un employé de banque, se rend à un village pour une mission au même moment que Gegero qui lui souhaite retrouver son épouse. Mais dans ce village, un clan du nom de Ryuga, qui manipule le Japon, se bat pour la succession. Soudain, un membre du clan est assassiné. Cela marque le début d’un enchaînement terrifiant d’événements surnaturels.
L’animation est très propre, surtout pendant les combats. Il y a cependant un mélange entre les décors, les chara-designs dont l’ambiance et le rendu font un peu plus ancien avec cette animation très rafraîchissante. Un mix qui m’a laissé un peu perplexe. Pour le film en lui-même et son histoire, j’ai trouvé le lore autour des yokai et des différents groupes qui essaient d’accomplir leurs propres objectifs très intéressants mais que la fin est un Deus Ex Machina où ils ont toujours des options pour s’en sortir.
Totto-Chan: La petite fille à la fenêtre
Il s’agit d’une adaptation d’un roman autobiographique du même nom. Le film se déroule dans les années 40 à Tokyo. On suit une petite fille qui s’appelle Tetsuko, surnommée Totto-Chan par tout le monde. Elle va être inscrite par ses parents a Tomoe, une école ou des wagons de trains servent de salle de classes et où les élèves sont uniques. Son directeur met l’accent sur l’indépendance et la créativité des enfants, ce qui convient parfaitement à Tetsuko qui est une enfant énergique et qui a toujours de nouvelles idées.
On va donc suivre l’évolution de Totto-Chan à travers ses découvertes de la vie en plein temps de guerre.
Et pour commencer, le film aborde de manière assez légère des thèmes sombres comme la tolérance, l’acceptation ou même la guerre. Cela est dû au point de vue qui nous est donné via celui de Totto-chan, qui par sa joie de vivre nous transporte tout du long. Cela rend le visionnage du film très agréable, paisible, drôle par moments. Malheureusement, cela amène au point noir que j’ai trouve au film. Du au contexte et aux événements qui se passent dans le film, on se doute que cela va virer au drame à tout moment pour une raison ou une autre. Et pour moi, ce moment arrive trop tard, ce qui m’a empêché de pleinement avoir le temps après d’apprécier le moment dramatique ainsi que ses conséquences. Le film en globalité reste quand même un très bon moment à passer, y compris sur sa fin et ses morales.
Le Robot Sauvage
Pour cet avis, il faut tenir compte du fait que je n’ai pas vu le film mais seulement des extraits accompagnés de Chris Sanders, le réalisateur. Ces extraits ont servi d’introduction au film, et donc au premier évènement important du film.
Pour amener un peu de contexte, le film relate l’histoire d’un robot (le héros de cette dernière) qui fait naufrage sur une île déserte à la suite d’ une tempête. Ce même robot va donc devoir apprendre à s’adapter à ce monde inconnu en nouant des liens avec les animaux qui peuplent l’île.
Le réalisateur nous a dévoilé que l’équipe du film souhaitait rester fidèle aux dessins préparatoires, qui sont similaires à des peintures, des fresques à titre d’exemple. Ainsi, en voyant les différents extraits et les transformations (les “avant/après” comme l’on pourrait aussi les appeler), on constate que sa volonté a très bien été respectée. En effet, les personnages semblent être tous différents physiquement, mais pour ce qui concerne les décors, on dirait vraiment qu’ils s’imprègnent dans une fresque. Sur le plan des effets visuels, on a le sentiment d’être dans la continuité de ce qui a été réalisé pour Le Chat Potté 2.
Pour ce qui est des scènes qui nous ont été présentées, il y en a eu deux. La première qui m’a marqué était celle d’introduction car elle met en lumière l’apprentissage du robot pour s’adapter au langage des animaux, à leur façon de vivre.
Tandis que la deuxième est beaucoup plus émouvante parce qu’on suit l’évolution de la relation entre le robot et un oiseau qu’elle va élever depuis sa naissance et elle va tenter de lui apprendre à s’envoler pour préparer sa première migration. Donc toute la première moitié du film a l’air de s’orienter sur le thème de l’apprentissage, notamment parce que cette migration va mener à la séparation entre ces deux personnages. La deuxième semble être sur la tentative de récupération du robot par l’entreprise qui l’a créé afin qu’il réalise sa mission initiale. Évidemment, ces “ennemis” n’ont pas l’intention de le récupérer de façon pacifique, tout comme notre protagoniste ne souhaite pas partir avec eux car elle s’est habituée à cet endroit et se considère dans son élément désormais. On va donc suivre deux parties relativement distinctes mais toutes remplies d’émotion, de questionnement, de rebondissements, et ça donne énormément envie de sa sortie en salles qui est prévue pour le 9 octobre 2024, et vous pouvez retrouver les differents trailers sur internet.
Flow
Il s’agit d’un film muet, sans paroles ni voix-off, avec seulement de la musique et le bruit des animaux. On suit l’histoire d’un chat qui tente de survivre dans un monde qui se fait envahir par l’eau, sans humains. Il va devoir s’adapter à son nouvel environnement aux côtés d’animaux avec lesquels il va réussir à se lier malgré leurs différences car ils savent qu’ils traversent tous la même épreuve.
La narration est douce et apaisante a suivre tout du long du film.
Autre proposition : La manière dont le film se décante est agréable à regarder par le cadre paisible qu’il pose.
Le fait qu’il n’y ait aucune parole m’a permis de me concentrer davantage sur l’interprétation que je me représentais du film et des personnages. En effet, sachant qu’il s’agit d’animaux et non d’êtres humains, l’interprétation est encore plus significative et cela rend le film encore plus singulier. Ceci pourrait en décontenancer certains mais si vous parvenez à plonger dedans, vous vous retrouverez embarqués comme ces animaux dans leur périple sur leur bateau telle l’Arche de Noé. La fin du film qui est ouverte laisse également une interprétation qui est propre à chacun. Pour tous ces points, le film peut atteindre son spectateur via pleins de biais différents tout en racontant la même histoire et c’est aussi pour cette raison que je le trouve d’autant plus magnifique.
Sauvages
Sauvages, c’est un film en stop-motion réalisé par Claude Barras, on suit Keria, une enfant qui va recueillir un bebe orang-outan qui sera séparé de ses parents dans la plantation de palmiers où travaille le père de l’enfant. En même temps, son cousin Selai vient chez eux pour échapper au conflit entre sa famille nomade et les compagnies forestières qui veulent détruire son foyer. Ce trio créé va tenter de lutter à leur manière contre la destruction de leur forêt ancestrale.
Il faut savoir que le stop-motion, j’en ai pas beaucoup consommé dans ma vie, et j’en suis pas forcément un énorme fan. J’ai trouvé le film sympa dans sa thématique et amusant dans sa façon de vouloir l’aborder. Cependant, je ne pense pas être la cible de ce genre de film. Selon moi, le parti-pris est plus pour éduquer les enfants à l’évolution de notre monde et comment se comporter. Du coup, ça ne m’a pas spécialement emballé. Il y avait des bons moments dans l’ensemble, tout n’est pas à jeter, mais le film m’a plus amusé dans sa manière de faire qu’autre chose et je ne pense pas que c’était le but principal.
L’Imaginaire
En guise de première information, je vous précise que ce film est déjà disponible sur Netflix à depuis le 5 juillet.
Rudger est l’ami imaginaire de Amanda, il est donc invisible aux yeux d’autrui. Tous les deux vivent d’extraordinaires voyages et aventures grâce a la débordante imagination d’Amanda. Mais tout a une fin, et lorsque les humains oublient leurs amis imaginaires, ils disparaissent. Lorsque ça arrive, Rudger va arriver à la Ville des Créatures Imaginaires ou il va rencontrer des personnes comme lui qui travaillent et vivent momentanément dans l’esprit de certains enfants. Rudger, quant à lui, essaie de retrouver Amanda une dernière fois, persuadé qu’elle ne l’a pas oublié. Mais tout ne va pas être si facile.
Un film au synopsis qui paraît très sombre mais qui, dans sa façon de l’aborder, est très féerique. Le sujet de l’imagination et de sa beauté est très bien représenté, on a le sentiment de vouloir retourner en enfance et c’est rafraichissant de ressentir cela. Les différents personnages qui viennent compléter Rudger sont très amusants dans leur conception (qui est dû à l’imagination des enfants qui les ont créés) et les liens qui les unissent à travers un même but est intéressant à suivre. Si vous avez des petits frères ou sœurs, des enfants, le film est parfait pour faire passer à tout le monde un bon moment devant la télé, avec chacun son propre ressenti en fonction de l’âge.
La Vie, en gros
Le film se base sur la vie de Ben, un collégien qui aime bien manger et cuisiner. En faisant sa rentrée scolaire, il se rend compte qu’il n’est pas comme les autres. La fille qui lui plait s’est embellie et il ne sait pas comment faire pour lui plaire en retour alors qu’il se fait moquer par les autres. Il va donc entamer un régime, mais ce ne sera pas de tout repos.
Le second film en stop-motion que je regarde. Celui-ci traite de son sujet de façon plus mature et intéressante que le premier que j’ai vu. Le personnage de Ben se pose pleins de questions que nous-mêmes pourrions nous poser et c’est enrichissant de voir comment il essaie de se battre face à ce problème de société qu’il subit. Car on y voit le harcèlement qu’il subit, le regard méprisant des autres, sa détresse que ses parents ne voient pas ou ne comprennent pas. Et le tout est plutôt bien retranscrit tout du long. Cependant j’ai eu l’impression que le message que voulait nous faire passer le film sur ces thématiques a changé à la fin et ça m’a un peu perdu sur ce que le film voulait vraiment nous dire.
Anzu le Chat-Fantôme
Un père et sa fille, Karin, âgée de 11 ans, vont aller chez son grand-père qui est un moine d’une petite ville côtière. Le père va partir et abandonne Karin la bas. Le grand-père vit avec un chat-fantôme assez joyeux et serviable du nom de Anzu qui va avoir pour mission de veiller sur elle. Leurs deux caractères assez distincts vont rendre leur relation tendue au début jusqu’à ce que tout se décante.
L’esthétique du film rend le visionnage vraiment très agréable, j’ai beaucoup aimé la direction artistique. Le film tourne beaucoup sur l’humour qui pour moi est très réussi. Il faut le prendre à la légère pour l’apprécier comme il faut car certains l’ont pris trop au sérieux et ont fini par ne pas aimer. Le voyage de ce chat et cette petite fille avec chacun son comportement vont rendre le tout vraiment amusant et entraînant. Cependant, quand on arrive vers les deux tiers du film, on découvre ce que cache ce comportement renfermé et un peu aigri de la petite fille. Et cette découverte, sans le raconter, est plutôt sombre et le fait de l’apprendre de cette manière, avec une fin de film qui tourne autour de ce sujet est assez particulier vu l’ambiance globale du film auquel on était habitué jusqu’ici. Un très bon film mais qui est peut être trop léger pour le sujet qu’il souhaite aborder.
Look Back
C’est une adaptation du one-shot de Tatsuki Fujimoto, même auteur que Chainsaw Man. Il faut savoir que j’ai lu le one-shot. Il raconte l’adolescence de Fujino qui a un talent pour le dessin et qui fait des courtes histoires pour le magazine de son école primaire. Kyômoto, une fille terrée dans sa chambre pratiquant le dessin sans relâche, commence à publier son propre manga à côté des planches de Fujino. Ces deux filles vont finir par se rencontrer et vont participer à des concours pour faire des mangas. Le destin les a unis, mais ce n’est pas tout ce que réservent ces deux amies proches.
Le film est très émouvant, de part ses plans assez longs pour qu’on y interprète les émotions des personnages mais aussi avec la musique qui donne des frissons. L’histoire semble banale aux premiers abords mais se développe en quelque chose de bien plus complexe et cache de nombreux côtés plus obscurs. On dirait un peu que l’auteur nous y insuffle des parts de sa propre vie de mangaka, c’est ce que ça laisse imaginer en tout cas. Il ne dure qu’une heure mais c’est amplement suffisant pour raconter une histoire qui est relativement courte a la base mais qui va vite dans le vif et qui nous emporte le temps de ce petit moment.
Mes préférences pour ce festival: Flow, le Robot Sauvage et Look Back, avec une mention honorable pour Anzu le Chat-Fantôme.
C’était donc un avis global sur tous les visionnages auxquels j’ai pu assister à côté du bénévolat lors de ce festival. Je vous invite à essayer de vous y rendre l’année prochaine si ça vous intéresse car l’ambiance est vraiment cool et agréable, c’est une semaine de souvenirs inoubliables pour ma part avec des assez bons films à voir, avec un peu de chances d’autres avant-premières/making-of de prévus..