Depuis le début de l’année, nous avons eu le droit à de nombreuses sorties de films centrés sur la romance dans nos salles de cinéma. Pourtant, très peu m’ont paru vraiment mémorables ou grandioses. Challengers, dont on a beaucoup entendu parler dernièrement, fait partie de l’un des rares films à avoir conquis le cœur du public cette année. Celà dit, le film To the moon sorti en salle le 11 juillet dernier avec comme vedettes principales Scarlett Johansson et Channing Tatum n’en mérite pas moins. Bien qu’il ait fait moins de bruit que Challengers, c’est un film rom-com que j’ai particulièrement trouvé touchant et séduisant.
Ce long métrage de 2h11 remémore l’épisode du projet Apollo 11, un événement important qui s’est déroulé aux États-Unis et dont il a marqué les esprits du monde entier pour toujours. Il met en scène une belle histoire romantique se passant sous les étoiles entre Kelly Jones, une experte en marketing qui va avoir la lourde tâche de redorer l’image de la NASA et Cole Davis, le directeur de la mission. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet Apollo 11 est trop important pour échouer, Kelly se voit dans l’obligation de réaliser un faux alunissage sous les ordres de son patron en guise de plan B, une décision qui peut mettre en danger son avenir prometteur. To the moon mélange donc à la fois romance et conquête spatiale avec une petite touche d’humour à certains moments qui vient à être ajouté à la trame du film afin d’y donner plus de légèreté. Malgré quelques imperfections qu’on peut reprocher au film comme des longueurs ou des scènes pas assez mises en avant, le film reste très captivant à regarder.
Ce qu’ a accompli Greg Berlanti, réalisateur de Love Simon, mériterait qu’on s’y intéresse plus davantage
Des acteurs qui crèvent l’écran
Ce qui rend en partie le film excellent, c’est le choix de son casting. Greg Berlanti a choisi de très bons acteurs pour interpréter ses rôles et les rôles principaux. On avait déjà eu affaire dans le passé à des films retraçant le thème de la conquête spatiale américaine dans les années 60 mais jamais sous forme de marketing ce qui au final marche très bien. Le mérite revient à Scarlett Johansson qui interprète merveilleusement bien Kelly Jones ( Winnie). Elle réussit à nous transmettre beaucoup d’émotions à l’écran avec son personnage. Par exemple, on le constate durant les scènes où elle se confie sur son passé, ce qui l’a rend d’autant plus attachante. Elle est aussi forte également pour jouer les scènes comiques de son personnage. Le rôle de la dame d’affaires prête à négocier par tous les moyens marche très bien. Enfin, elle défend à merveille le caractère féministe de son personnage, tout son potentiel d’actrice est parfaitement exploité grâce à ce rôle.
D’un autre côté, l’interprétation de Channing Tatum dans le rôle de Cole Davis est irréprochable. En effet, l’acteur sait user de son expertise de comédien pour jouer un personnage à la fois dur, sérieux et sensible comme Cole. Lors de la scène où il se livre sur la mission Apollo 1, c’est là que ses talents d’acteurs ressortent le plus à l’écran. Sa colère et sa culpabilité pour ses coéquipiers nous touchent profondément. Quand il s’agit de jouer une romance passionnelle avec sa partenaire Kelly, son interprétation est tellement naturelle chez lui que celà paraît presque réel. Les deux acteurs forment un super duo à mes yeux! Par ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’on voit l’acteur jouer dans des films type romance et celà fonctionne toujours autant de l’avoir comme acteur. En revanche, dans ce film on ne le retrouve pas seulement comme un des protagonistes d’une romance mais en même temps comme chargé d’équipe de la grande mission spatiale, celle d’envoyer le premier homme sur la lune. Son côté leadership ressort divinement bien. C’est un rôle qui lui va comme un gant.
Chez nos personnages secondaires, on en a plusieurs qui se sont surpassés dans leur rôle. Woody Harrelson qui joue Moe Burkis, l’antagoniste dans le film mérite des applaudissements pour son interprétation. Il a su bien exprimer la menace et la manipulation. Par exemple, lors de la scène où il menace Kelly de révéler son passé à la police, son interprétation s’est faite avec beaucoup de facilité. Quant à Jim Rash qui joue Lance, réussit tout le long du film à rendre son personnage très drôle et attachant. C’est grâce à lui principalement qu’on retrouve cette petite touche d’humour et de folie dans le film. On passe un agréable moment à le regarder jouer. Berlanti a eu de très beaux choix de comédiens pour jouer ces rôles.
Une beauté cinématographique
To the moon ne propose pas que des costumes glamour comme certains le disent, il propose surtout un spectacle visuel du début à la fin. Bien que le film peut nous sembler à certains moments peu original par rapport à son thème principal qu’on a pu voir de nombreuses fois au cinéma, les décors et les plans restent pour autant très réussis et bien mis en avant. Certes, on peut lui reprocher d’avoir eu pour la scène d’allumage en studio un décor plutôt simpliste et minimaliste mais le passage de la grande fusée à la fin du film, lors de son décollage, a été tout bonnement impressionnant. J’en ai eu des frissons tout le long. De plus, L’entreprise spatiale de la NASA, ainsi que ses locaux sont bien mises en scène. On remarque bien que le matériel emprunté a été soigneusement peint et utilisé pour apporter une photographie plus vraie que nature. Les jeux de lumières ne sont pas mal non plus. Plusieurs plans avec un très beau éclairage mettent en avant la romance chez nos personnages principaux. On peut penser par exemple à leur scène de rencontre ou la luminosité rendait le moment entre les deux très séduisant et romantique. Également, lors de leurs escapades en avion, l’éclairage et les plans extérieurs était très beau à observer. Je ne peux que constater un vrai travail de montage par l’équipe du film pour le réaliser.
Un scénario bien construit
To the Moon traite d’un sujet palpitant qui est celui de la mission Apollo 11. Même s’il peut paraître peu original dans un sens en vu de nombreux films qui ont déjà traité de ce sujet auparavant, le film nous propose une nouvelle phase cachée du projet interstellaire. Elle nous introduit la théorie que les premiers pas sur la lune de l’expédition ne seraient que fiction terrestre tournée en studio depuis des décennies. C’est un scénario qui change de ce à quoi nous pouvons être accoutumés et apporte de la nouveauté au cinéma.
Durant le film, on retrace les premiers pas de la NASA, ses premières missions sur terre et ses premiers échecs spatiaux. On retrouve un petit clin d’œil en mémoire aux 4 astronautes morts durant une mission (Apollo 1). Cette date est très importante dans le scénario car elle permet de mieux comprendre pourquoi le personnage de Cole Davis et la NASA cherchent tant à redorer leur image auprès du public après ce tragique événement. La tâche ne leur semble pas évidente et alors l’arrivée de Kelly au cœur du projet leur est d’une aide très précieuse. Au fur et à mesure de la progression de la mission, on découvre plusieurs événements qui viennent perturber leur travail. Ils apportent un peu de contexte au film et une complexité à nos personnages, ce qui est plutôt une bonne chose. Il y a la guerre au Vietnam qui se déroule et un conflit politique avec l’URSS, de plus en plus, sérieux et inquiétant. Comme les habitants n’ont pas d’autres préoccupations qui les intéressent à part celles-ci, le film souhaite mettre en scène une NASA au bord du rouleau qui souhaite tout faire pour donner à nouveau foi aux habitants sur la conquête spatiale et l’astronomie quitte à se salir les mains. L’idée d’un faux alunissage dans le scénario vient donc se former tout naturellement. Burkis joue le mauvais rôle de l’ « Américain » prêt à tout pour arriver à ses fins quitte à mentir au monde entier pour éviter le moindre échec et décevoir la Maison Blanche. On retrouve une autocritique des Américains eux-mêmes à l’égard de leur mentalité parfois trop ambitieuse ou égocentrique, ce qui est plutôt rare à voir venant de leur part à l’écran.
Mais cette idée fonctionne très bien. Elle apporte un sens profond au film sur ce qui est vraiment la quête du succès. Kelly et Cole font tout pour faire cesser cette mascarade et diffuser les vraies images qui marqueront à jamais cet événement. C’est un dénouement qui se termine bien et qui cherche à corriger la vérité qui est ce qui compte vraiment. C’est un film qui se termine de manière très comique avec la présence d’un chat noir qui détruit le plateau de tournage où se déroule le faux alunissage. C’est un humour que l’on reconnaît comme étant très hollywoodien, mais sympa à regarder tout de même. Son éruption permet de vérifier grâce à lui que les images qui sont bien retransmises à la télévision à ce moment-là viennent de l’espace et non d’ailleurs. Le film débouche sur une belle conclusion pour la NASA, réussissant son pari de regagner l’attention du public et d’envoyer son tout premier homme sur la Lune. La phrase “ This is a small step for a man, but, a giant leap for mankind” est toujours aussi poignante à entendre et cela se vaut également sur les dernières minutes du film. Elle nous rappelle cet heureux événement. La bande son et sa chanson principale Fly me to the moon viennent en plus rendre le film encore plus charmant et nostalgique.
Quant à nos personnages principaux, Kelly est enfin libre de vivre sa vie comme elle l’entend sans crainte ou mensonge. Cole parvient enfin à faire le deuil de ses coéquipiers, vivre son rêve d’enfant et dévoiler ses sentiments amoureux enfouis depuis longtemps. La scène finale les montrent s’embrasser langoureusement sur le faux plateau du studio après que Kelly lui ait révélé son véritable prénom, Winnie. Ce plan symbolise en quelque sorte un contraste entre ce qui s’écoule de la vérité et ce qui détient du faux. Il s’agit d’une belle leçon de vie finalement sur ce que le film nous réserve depuis le début au-delà du clin d’œil historique.